Les pouvoirs locaux – communes, provinces, CPAS, intercommunales, etc. –
incarnent les politiques de proximité : la cohésion sociale, les voiries, les maisons
de repos, l’éducation, les crèches, la sécurité, etc. Les pouvoirs locaux sont les
premiers investisseurs publics du pays, participant ainsi à la croissance et à la
création d’emplois dans de nombreux secteurs d’activité. Assurer la pérennité et
l’efficacité de l’outil local et ainsi conforter ce levier d’action important pour
l’avenir de la Wallonie est donc essentiel.
Vouloir préserver les moyens dévolus aux pouvoirs locaux exprime le souci
politique affirmé de servir au mieux nos concitoyens dans une démarche de
proximité, d'efficacité et d'efficience. Il est évident pour le Gouvernement que
l'attention portée aux pouvoirs locaux, notamment dans la préservation
maximale des moyens financiers, doit impérativement s'inscrire dans une logique
de gestion optimale des ressources aux fins d'accroître la qualité des prestations
fournies au citoyen-contribuable.
Le Gouvernement adoptera des mécanismes permettant de responsabiliser les
pouvoirs locaux afin qu’ils maintiennent leur équilibre budgétaire à l’exercice
propre ou, en cas de situation déficitaire en 2014, s’engagent sur une trajectoire
budgétaire contraignante de retour à l’équilibre au plus tard en 2017. Les
mécanismes de responsabilisation seront également activés si les comptes de
l’entité locale dégagent un mali structurel. Les règles applicables par principe aux
communes sous plan de gestion sont maintenues en ce qui concerne le retour à
l'équilibre.
1. Améliorer la qualité des services aux citoyens
Le renforcement de la qualité des services aux usagers des pouvoirs locaux est
un objectif prioritaire. Le Gouvernement veillera à :
faciliter les démarches administratives pour les citoyens et les entreprises,
notamment par la mise en place d’un guichet unique dans les communes
et les entités paralocales (CPAS, régies, ASBL, etc.) et encourager la
logique de guichet unique local associant d’autres niveaux de pouvoir ;
améliorer l’accessibilité des bâtiments, tant au niveau physique (personnes
à mobilité réduite) qu’au niveau fonctionnel, notamment en encourageant
l’accessibilité des bureaux à des heures décalées ;
défendre le maintien des services publics en zones rurales ;
développer l’informatisation des pouvoirs locaux en les soutenant dans le
développement de formulaires-types simplifiés, harmonisés et
« dématérialisables » et en favorisant l’utilisation de la signature
électronique pour les citoyens et les entreprises ;
renforcer la formation des agents de première ligne sur l’égalité de
traitement des citoyens et la courtoisie ;
promouvoir le recours à la médiation, sur une base locale ou supralocale ;
développer, dans un objectif de simplification administrative, un formulaire
de déclaration unique pour l’ensemble des taxes locales qui concernent le
citoyen et l’entreprise et permettre un paiement globalisé, divisible en
plusieurs tranches ;
assurer une information adéquate sur les marchés publics des pouvoirs
locaux, notamment en publiant les avis de marchés sur le portail des
marchés publics de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
2. Renforcer la gestion locale à travers le plan stratégique
Dans le contexte budgétaire difficile, les communes, provinces et CPAS doivent
parvenir à faire mieux avec moins de moyens financiers. Pour ce faire, la
Wallonie doit leur proposer les outils adéquats à une gestion moderne, basée sur
une démarche stratégique et opérationnelle à moyen terme qui suppose la
fixation des politiques prioritaires, une planification des ressources humaines et 103
financières, un échéancier des projets et investissements et une culture
d’évaluation.
Dans cette optique, le Gouvernement entend :
rendre obligatoire le dépôt d’un plan stratégique, après consultations
citoyennes, adopté par chaque conseil communal ou provincial dans les six
mois de son installation. Ce plan fera partie intégrante du budget 2020 de
la commune ou de la province. Ce plan, dans une perspective de
simplification des différentes procédures, intégrera les actuels documents
qui balisent l’action d’une mandature (ancrage communal du logement,
plan communal de développement de la nature, plan de cohésion sociale,
agenda 21, etc.), apportant des solutions concrètes aux problèmes
identifiés à la suite d’un diagnostic de la situation et des besoins locaux et
portant sur les volets suivants :
o les priorités politiques en matière de services au public ;
o les relations entre le pouvoir local et la société civile et les citoyens ;
o les relations avec les entités paralocales (en ce compris les CPAS, les
zones de police et les établissements chargés du temporel du culte) et
supralocales, afin d’assurer la cohérence des politiques et la gestion
optimale des moyens humains et financiers, notamment en assurant
une gestion commune de certains services ;
o une planification des ressources financières ;
o l’organisation administrative ;
o la gestion des ressources humaines ;
o la politique d’investissements ;
mettre à disposition des communes et des provinces un modèle-type de
programme stratégique ainsi qu’un guide de bonnes pratiques issues de
l’évaluation de l’expérience pilote.
Par ailleurs, afin de simplifier les relations entre la Région et ses pouvoirs locaux
et donc alléger les charges administratives, le Gouvernement développera une
cohérence administrative à l’égard des pouvoirs locaux et s’engage à :
simplifier et harmoniser les processus d’introduction et d’examen des
dossiers ;
harmoniser les contrôles régionaux par une spécialisation des métiers et
une suppression des doubles contrôles ;
développer des guichets uniques dématérialisés et veiller à ne pas
démultiplier les acteurs du SPW en lien avec les pouvoirs locaux.
Le Gouvernement entend ainsi optimaliser l’exercice des différents contrôles du
SPW sur les pouvoirs locaux afin d’en simplifier et d’en accélérer les processus.
Les administrations en lien avec les pouvoirs locaux devront se concerter, dans le
respect de leurs compétences, afin de donner une réponse unique et cohérente à
ceux-ci.
Enfin, le Gouvernement entend :
renforcer le rôle de soutien et de conseil de l’administration régionale, que
ce soit en matière juridique, administrative, technique, financière, etc., en
veillant à mieux informer les pouvoirs locaux sur les différentes
législations ou jurisprudences qui leur sont applicables ;
élaborer, en collaboration avec l’Union des villes et des communes de
Wallonie, des vade-mecum ou « guide de bonnes pratiques » en matière 104
de gestion locale pour accompagner les pouvoirs locaux dans la
modernisation de leur gestion, notamment dans leurs relations avec les
organismes paralocaux ;
simplifier et rationaliser la nomenclature des articles budgétaires, en
veillant à leur compatibilité avec les impositions européennes et en
intégrant les nouvelles compétences de la commune ;
mesurer l’impact de la mise en œuvre de toute nouvelle législation dans
les grandes villes et dans les communes rurales, afin d’évaluer la
pertinence de mener une politique partiellement ou totalement
différenciée et plus adaptée à leurs spécificités respectives.
3. Optimaliser l’utilisation des moyens et favoriser les synergies
Il est nécessaire d’améliorer l’utilisation des ressources financières en
recherchant les économies d’échelle, en clarifiant et simplifiant les rôles des
structures locales et paralocales et en développant la supracommunalité.
A cet égard, le Gouvernement s’engage à :
assurer la neutralité budgétaire pour les communes, provinces et CPAS
des décisions prises par la Région, à travers une évaluation financière à
court et moyen termes de l’impact financier de toute décision et une
compensation de toute charge nouvelle ;
plaider auprès du Gouvernement fédéral pour qu’il garantisse la même
neutralité budgétaire de ses décisions pour les pouvoirs locaux ;
encourager les pouvoirs locaux à regrouper les services de support
(marchés publics, assurances, GRH, finances, informatique, patrimoine,
etc.) de leurs entités paralocales en un seul service, sans toucher à
l’emploi existant ;
développer sur base volontaire la supracommunalité afin de mettre en
commun, à l’échelle de plusieurs entités, certains investissements ou
services ;
encourager la mise à disposition des communes qui ne disposent pas de
ressources humaines suffisantes, des services provinciaux ou
supracommunaux ;
simplifier et assurer la lisibilité des taxes locales ;
développer le rôle d’appui et de conseil de la Région en matière de gestion
financière par un renforcement de la collaboration entre la DGO5 et le
Centre régional d’aide aux communes (CRAC) pour un meilleur monitoring
et conseil des finances communales, y compris en dehors de tout plan de
gestion ;
encourager chaque entité locale à procéder à une simplification de ses
structures publiques et parapubliques sur base d’une analyse des missions,
du coût et de la plus-value pour les citoyens et les entreprises de ces
structures et de leur organisation interne ;
soutenir les processus de mutualisation informatique et encourager
l’interopérabilité des systèmes informatiques ;
promouvoir les clauses sociales et environnementales dans les marchés
publics des pouvoirs locaux ;
encourager les communes et CPAS à fusionner sur une base volontaire
avec maintien d'un comité spécial de l'action sociale pour l'attribution des
aides individuelles ; 105
proposer un décret-cadre pour permettre, sur base volontaire, la fusion de
communes contigües à l’intérieur d’un même arrondissement administratif
après consultation des habitants des communes concernées ;
optimaliser et simplifier le fonctionnement des organes consultatifs
communaux (CCATM, CLDR, etc.) ;
fusionner l’ADL avec l’Agence de gestion de centre-ville.
Le Gouvernement veillera également à améliorer la prévisibilité des budgets des
pouvoirs locaux et entend pour ce faire :
contraindre les pouvoirs locaux à évaluer, par la généralisation de plans
financiers et de projections budgétaires pluriannuelles, l’impact financier et
fonctionnel à moyen terme de toute nouvelle politique initiée ;
assurer, au besoin en complétant et simplifiant les règles existantes, la
compatibilité de la réglementation relative aux comptes et budgets avec
les prescrits européens en préservant au maximum la capacité
d’investissement des communes.
4. Améliorer la gestion des ressources humaines
Sans un personnel qualifié et motivé, il ne peut y avoir des services publics de
qualité. C’est pourquoi il est essentiel de placer la politique des ressources
humaines au cœur de la gestion locale. Le Gouvernement entend :
renforcer la formation continuée du personnel des administrations locales
et des intercommunales, tant en ce qui concerne les aspects techniques et
législatifs à maitriser que les règles fondamentales du service public. Une
attention particulière sera donnée à la formation à l’accueil du public ;
préserver la qualité des services offerts, en inscrivant les outils existants
dans la réforme des aides à l’emploi ;
poursuivre les efforts entrepris pour favoriser l’emploi statutaire et
moderniser le statut ;
valoriser les compétences acquises sur le terrain par un processus de
validation des compétences ;
moderniser les principes généraux de la fonction publique, notamment en
valorisant les nouveaux métiers tels que les agents constatateurs
d’infractions environnementales ou les conseillers logement, et en
aménageant les processus de recrutement et d’engagement de profils
spécifiques ;
autoriser le CPAS et la commune à engager un directeur général commun,
à l’instar de ce qui est prévu pour le directeur financier ;
favoriser la diversité (de handicap, de genre, etc.) au sein des
administrations et promouvoir la lutte contre toute forme de
discrimination ;
renforcer les procédures de recrutement objectivées et transparentes pour
l’ensemble des emplois ;
favoriser la mobilité des agents entre pouvoirs locaux et avec les autres
niveaux de pouvoir ;
développer le tutorat au sein des administrations locales, qui permet à un
agent plus ancien de consacrer quelques heures par semaine à former ses
jeunes collègues et ainsi conserver l’expertise au sein de l’administration ;
organiser des stages au sein de l’administration wallonne pour renforcer la
formation des agents locaux et vice-versa.
106
5. Optimaliser le rôle des provinces
La législature régionale wallonne 2009-2014 a permis d’amorcer une vaste
réforme de l’institution provinciale. Le Gouvernement wallon et les provinces ont
mené une réflexion sur le réaménagement des compétences et missions
provinciales, sur base notamment des axes prioritaires identifiés et définis par
chacune des provinces.
Les domaines d’intervention des provinces sont à la fois spécifiques et
homogènes (enseignement et formation, santé et social, culture, tourisme,
développement territorial et supracommunalité). Le Gouvernement tiendra
compte de l’intensité différente et des spécificités des actions menées et
proposera d’optimaliser le réaménagement des compétences, province par
province, dans le respect des principes de cohérence, de subsidiarité, d’efficacité
et de valeur ajoutée pour les citoyens. Cette volonté de simplification dans la
concertation se traduira par un véritable contrat entre le Gouvernement et
chaque province.
Le Gouvernement entend :
renforcer les partenariats avec les communes afin de permettre à ces
dernières de répondre aux besoins des citoyens par l’organisation de
certaines missions qu’elles ne peuvent prendre seules à leur charge ;
concrétiser les axes prioritaires définis par chaque province en
concertation avec la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles et prévoir
la déclinaison de ces axes dans un plan stratégique provincial en missions
et objectifs définis en fonction des spécificités territoriales, des réalités
socioéconomiques et des besoins des usagers de chaque province ;
développer le rôle provincial de fédérateur et d’opérateur dans le
développement de projets supracommunaux et du dialogue
supracommunal ;
encourager dans ce cadre les provinces à être davantage encore les
partenaires à part entière des communes en prévoyant que minimum 10%
du fonds des provinces soient affectés, en accord entre la province et les
communes concernées, à la prise en charge des dépenses nouvelles
nécessitées par le financement du fonctionnement des zones de secours.
Chaque province mobilisera par ailleurs 10% du fonds des provinces à
d’autres actions de supracommunalité. Dans l’hypothèse où une province
ne consacrerait pas dès à présent au moins 10% à ces actions
additionnelles de supracommunalité, ce pourcentage devra être mobilisé
progressivement et en tout cas être atteint au plus tard en 2018 et ne
pourra annuellement jamais être inférieur au pourcentage du 1er
janvier
2014. L’octroi de la tranche affectable du fonds des provinces sera
conditionné à la signature par les parties concernées de contrats de
supracommunalité. Le mécanisme actuel des contrats de partenariat entre
les provinces et la Wallonie sera abandonné ;
analyser ensemble, province par province, les compétences qui pourraient
être mieux gérées par d’autres niveaux de pouvoir, afin d’améliorer le
service au citoyen et dans le respect des principes de subsidiarité, de
continuité du service public et sans impact négatif sur le personnel en
place, et négocier les modalités de transfert des compétences avec la
Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles ou les communes ; 107
mener une réflexion, associant la Fédération Wallonie-Bruxelles, quant à la
possibilité de déléguer par contractualisation certaines missions et
compétences aux provinces dans cette même logique, en accompagnant
toute délégation de compétence du financement adéquat.
6. Développer la supracommunalité
La supracommunalité et les bassins de vie sont des enjeux importants pour le
développement de la Wallonie. L’objectif est de gérer des intérêts publics
communs de façon complémentaire et non concurrentielle, au plus proche de
l’intérêt des citoyens, à une échelle territoriale pertinente correspondant à un
bassin de vie, c’est-à-dire à une aire territoriale où les citoyens exercent
habituellement leurs activités principales.
Le Gouvernement entend :
encourager l’organisation de la supracommunalité et soutenir les initiatives
locales dans ce sens en réservant certaines subventions régionales aux
initiatives supracommunales octroyées sur base d’un droit de tirage, et en
majorant d’autres subventions selon qu’il s’agisse de projets introduits par
une communauté de territoires ou par une commune seule ;
mener une réflexion sur la mutualisation à l’échelle supralocale des
différents dispositifs de conseillers mis à disposition des communes
(comme les conseillers logement, énergie, aménagement du territoire, les
agents « Agences de développement locale », etc.) afin de renforcer
l’expertise et d’améliorer l’efficacité des dispositifs existants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire